The Bubble : Le conflit israelo palestinien vu par le prisme de l'amour (spoilers)

Publié le par brad91

Eytan Fox est un réalisateur engagé. Les trois films sortis en France nous le prouve : Yossi et Jagger traitait de l'amour homosexuel entre deux soldats dans l'armée israelienne, Tu marcheras sur l'eau se présentait comme un thriller sur le Mossad et The Bubble traite du conflit israelo-palestinien au travers du prisme de l'amour et de la jeunesse.

L'amour, c'est précisément l'axe choisi par le réalisateur pour nous parler de cette guerre qui déchire deux peuples et dont aucun ne ressort gagnant. (comme toute les guerres me direz-vous)

Ohad Knoller et Yehuda Levi. GrimaceYehuda Levi. Grimace

Cela se vérifie surtout avec Yossi et Jagger et The Bubble. En effet, ces deux films traitent directement de l'impact de cette guerre sur la vie de jeunes qui n'aspirent qu'à une chose : la paix. Dans Yossi et Jagger, sublime condensé d'émotion, les deux héros sont des soldats amoureux qui essaient de vivre leur amour dans un contexte qui ne permet pas les sentiments, encore moins homosexuels. Et pourtant, l'amour ignore les conflits politiques et passe outre les recommandations. C'est donc avec courage et inconscience que ces deux personnages vont s'aimer. Durant tout le film on pense que l'amour sera plus fort que la mort et la guerre. Et pourtant, la réalité les rattrappe vite. Une mission imprévue, plus dangereuse qu'à l'accoutumée est prévue. Fin du rêve. Il faut se préparer. Le tension monte et la dispute éclate. Ce sera leur dernier rapport car la mort et là, qui rode, qui peut surgir à tout moment...

Ce que cherche à dire Eytan Fox avec ce film, c'est que la guerre tue. Elle tue tout le monde, surtout les jeunes. Elle leur vole leur jeunesse. Evidemment, ce n'est pas le premier cinéaste qui dénonce cela, et cette évidence parait surfaite. Et pourtant, ce qu'il faut voir, c'est la vision d'un cinéaste qui pointe du doigt l'absurdité de la guerre et ses ravages via une histoire d'amour impossible. Dans Yossi et Jagger, la vision est pessimiste et triste. La guerre gagne face à l'amour, la mort est la plus forte.

Qu'en est-il de The Bubble ?

Ad VitamYousef Sweid, Daniela Virtzer, Alon Friedman et Ohad Knoller. Ad Vitam

The Bubble commence comme une comédie sur une jeunesse insouciante à Telavive. L'action pourrait se passer à Paris où à Londres, tant les protagonistes semblent, de premier abord, peu concernés par la guerre qui sévit autour d'eux. Et pour cause, Telavive est réputée pour être une bulle (d'où le titre) où les habitants semblent vouloir ignorer la réalité. Moyen de défense comme un autre le déni régit leur vie. Et pourtant, la réalité les rattrappe vite. Cette réalité, dure va éclater grâce, ou plutôt à cause de l'amour. En effet, suite à un concours de circonstance incroyable et glauque, Noam le juif va tomber amoureux de Ashraf, le musulman palestinien. Cet amour réciproque va les conduire doucement à la mort... Eytan Fox par une mise en scène brillante, parvient à faire croire un instant que cette histoire d'amour est possible. Cependant, un danger ne cesse de planer au-dessus de leur tête. Progressivement, le spectateur sent la menace arriver, se concrétiser. Cette sensation d'insécurité gagne son esprit et le spectateur voit rapidement les limites de cet amour alors que les personnages continuent d'y croire.

Et pourtant, comme dans Yossi et Jagger, la mort frappe. Pas un des personnages dans un premier temps. Mais cette première frappe est suffisament forte pour ébranler le fragile équilibre qu'ils ont construit. L'impasse de cet amour est alors sans appel. La solution, radicale, est aussi cohérente que dramatique. Et c'est là que se trouve le génie d'Eytan Fox. C'est de faire accepter l'inacceptable au spectateur.

Ces deux films sont extrêmement pessimistes car réalistes. Dans un pays en guerre, aucune vie n'est réellement possible et tout converge vers la mort. Et pourtant, le réalisateur, loin de sombrer dans le pathos, nous montre, comme toujours, des personnages extrêmement positifs, qui croient en la vie, en l'amour. Ce sont eux qui nous permettent d'espérer.

Sous couvert d'un propos pessimiste, Eytan Fox parvient à signer des films positifs. N'est pas là le signe d'un certain génie ?



Publié dans Critiques

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T
nice buddy
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F
Eytan Fox est effectivement un réalisateur doué, bien plus que de jouer sur le prisme de l'incontournable violence, il distille des images provoquant une vision plus affinée de la situation, moins manichéenne. Et de cela on doit le féliciter.
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