Ce n’est pas du cinéma

Ce matin, en allant au travail, une femme s’est coincée le doigt dans la porte du métro et nous ne parvenions pas à la décoincée. Elle m’a lancé un regard suppliant de l’aider mais la porte restait désespérément immobile. L’incident n’a guère duré plus de deux minutes mais durant cette courte période, j’ai ressenti une impuissance à venir en aide à une personne en danger et en souffrance. Cela m’a rappelé la sensation que j’avais eu face à la maladie d’un être cher qui s’était écroulé devant moi et que je ne parvenais à réveiller. La panique qui nous envahi dans un premier temps est rapidement balayé par la prise de conscience de la nécessité de faire quelque chose, de faire appel à de l’aide et surtout de prendre les choses en main. En une seconde, nous nous retrouvons alors en charge d’une responsabilité qui s’impose à nous de toute sa force et dont on ne peut échapper. Pour moi, c’est cela, aller au bout de soi, se dépasser.

Lorsque j’entends les sportifs dire qu’ils ont besoin de se surpasser, je me rends désormais compte que se surpasser physiquement n’est rien en comparaison du surpassement psychique et moral car ce surpassement nécessite une maitrise totale de ses émotions, de ses capacités physiques – ce n’est pas le moment de se sentir fatigué ou d’avoir faim ou soif. Il faut donc être en pleine possession de ses moyens et agir de façon raisonnée et efficace. Cette période peut avoir une durée assez longue car, face à la maladie, il ne faut jamais se relâcher et être toujours présent pour le malade, le soutenir jusqu’au bout et, bien souvent, soutenir également les proches.

C’est dans ces moments qu’on se rend compte de la fragilité de la vie et de sa préciosité. On se rend compte également que le temps passe et que tôt ou tard nous serons tous confrontés au deuil et à la tristesse. Je crois que c’est lors de cette prise de conscience que l’on rentre définitivement dans l’âge adulte. Lorsqu’on est en situation de responsabilité dans des moments tragiques de la vie.

Ces étapes que l’on connait tous un jour dans la vie nous marquent définitivement et, comme on le lit souvent dans les romans, ensuite, rien n’est jamais plus comme avant.